INSOMNIE (2011)

Mars 2011. Je pars une semaine faire un remplacement à Périgueux. Je dors à l'Etap Hôtel.
Une nuit, c'est l'insomnie, totale.


Cette série de 8 diptyques est le récit d’une nuit blanche, racontée à la façon d’un « court-métrage photographique » avec un début (celui de la nuit) et une fin (le lever du jour). Toutefois, le récit d’un tel voyage confronte le photographe à un obstacle : la nuit, il fait noir.

L’insomniaque rumine dans le noir, alors que dans sa tête tout est clair, l’esprit tourne, comme un moteur bien huilé. Alors, comment photographier le paradoxe, comment mettre en image l’insomnie, cette interminable traversée de la nuit, celle qui va de l’obscurité à la lumière ?

J’allume.

La chambre est inondée par cette « douce » lumière des hôtels bon marché où l’on ne fait que passer, elle arrose la pièce de sa blancheur de métal, sans nuance, uniforme. Au moins, ma tête et la chambre sont sur la même longueur d’onde.

Je me photographie, je montre en clair l’enfer que je vis dans le noir, comment je subis ce temps qui s’écoule trop lentement, dans l’attente du jour. Je m’attarde sur ces tentatives vaines où je reporte mon attention vers des détails qui vont peut-être divertir mon cerveau, lui redonner le goût ou la clé du sommeil : les images d’intérieur de cette chambre d’hôtel totalement impersonnelle. Mais leur effet est nul. La nuit reste blanche. Les vues depuis ma fenêtre ne me distrairont pas davantage.

L’idée prend naissance de ce diptyque et de cette association de deux photos qui vont être le reflet de mes états successifs, la description des différentes étapes d’un chemin vers un sommeil que je ne trouverai pas. Une expérience épuisante…